L’essence du «Día de Muertos» n’est guère limitée à la culture mexicaine. En fait, cela a toujours été un mélange de différentes cultures, telles que les traditions autochtones zapotèques, aztèques et purepecha, avec les fêtes religieuses hispaniques. Aujourd’hui, ce n’est pas différent. Día de Muertos est une tradition en évolution constante qui accueille de nouvelles interprétations.
Dans cette édition de «Día de Muertos» NDG, les autels reflètent cette riche diversité. Si certains autels de cette exposition présentent les caractéristiques intimes et personnelles des autels traditionnels nationaux, d’autres nous offrent des interprétations qui maximisent leur potentiel à raconter des histoires.
Comme le montrent certains créateurs, l’autel peut être utilisé comme un moyen de redéfinir les symboles traditionnels et de les replacer dans un contexte différent. D’autres prouvent que les autels ont aussi le potentiel d’être un espace pour le activisme politique, car ils nous aident à établir des liens entre le passé et le présent et constituent des artefacts de notre mémoire collective.
Maria Castaneda
comissaire de l’exposition
Nous dédions cette offrande aux femmes et aux filles victimes de féminicide. Nous considérons que le féminicide est le crime le plus haineux qui soit, car il est basé sur le genre. Cela veut dire que les femmes sont assassinées par le seul fait d’être de femmes et parce que la plupart des féminicides ont commis par des hommes.
Le Mexique est le pays le plus féminicide du continent avec 3 357 féminicides en 2018, soit 9 femmes assassinées par jour, comparativement à 1 femme assassinée toutes les 48h au Canada. Si bien l’écart est énorme, il ne reste que dans les deux pays, il y a une surreprésentation des femmes et des filles autochtones, issues pour la plupart, des communautés historiquement délaissées par le système judiciaire. À cet effet, il faut souligner qu’au Mexique 95% des féminicides sont impunis, car la discrimination et la violence de genre sont systémiques.
Au-delà, des chiffres, nous voulons témoigner notre solidarité vis-à-vis de cette injustice, mais surtout, nous voulons mettre fin à cette déshumanisation qui prévaut dans la société. C’est pour cela que nous voulons mettre un visage et un nom à ces femmes qui ont été assassinées impunément, car elles avaient une vie, une famille, des rêves, des ambitions et AUCUNE de ces femmes ne voulait mourir.
Des objets dotés d’un pouvoir symbolique composent l’autel traditionnel. Alors que les fleurs et les bougies de cempasuchil (soucis) tracent le chemin des âmes et purifient leur parcours, d’autres types de personnages comme les calaveras (crânes) nous rappellent la proximité de la vie et de la mort. En fin de compte, les vacances concernent la joie. Pour cette raison, il est important de «gâter» les personnes disparues avec ce dont elles jouissaient dans la vie.
Dans cet autel, les passe-temps de ceux qui ne sont plus parmi nous sont célébrés, comme la numismatique et la peinture. C’est aussi un acte de soin. Leurs boissons et aliments préférés les nourrissent et les accueillent chez nous.
Cet autel célèbre la mémoire d’Eduardo de Arcega et d’Eva.
Cet autel rend hommage à ma grand-mère Minerva et c’est une célébration de la mémoire de nos ancêtres; c’est un moyen pour moi de me souvenir d’eux et d’enseigner à ma fille ce que son Abuela Grande m’a appris.
Dans la tradition zapotèque, recevoir ses proches qui revivent chaque année en novembre est un grand événement qui inclut aller au cimetière quelques jours avant pour nettoyer les tombes et élaborer une grande offrande à la maison pour les recevoir. C’est une grande fête et un festin. Pour ma grand-mère, c’était très important de mettre en place un autel en mémoire de son arrière-grand-mère, de ses beaux-parents et de sa famille proche, et c’est précisément à travers ces rituels qu’un lien est tissé entre elle et moi.
Étant donné que la grande Xahuela est décédée cette année, la nostalgie m’a amené à participer aux festivités de la Dia de Muertos ici à Montréal. Les objets de l’offrande représentent ce que je garde de ma grand-mère: sa simplicité, sa franchise et la bravoure de son âme de femme Istmeña. Les autres éléments sont traditionnels des autels de la région de l’Istmo à Oaxaca, comme la forme verticale, des feuilles de bananier, et le xicalpestle festif. L’autel est portable et symbolique par sa simplicité (fabriqué principalement avec du carton). Les êtres qui font partie de mon arbre de mémoire – avec ou sans photo mais présents dans les liens de feuilles de maïs- sont des habitants de cet autel intime logé dans les jupes d’un ancêtre istemeña.
Pendant que je construisais cet autel, je me suis retrouvée à remplir une carte postale illustrative de ce désir pour mes grands-parents, comme un lointain souvenir d’un conte d’enfance bien-aimé, duquel j’ai réussi à ne transmettre qu’une réflexion.et autel est, donc, dédié, avec beaucoup d’amour, à ma Xahuela, la grande Na’ Minerva (1921-2019).
Cet autel honore l’eau. L’eau est la vie – elle purifie, nettoie et purge. L’artiste Leticia Vera utilise l’autel comme moyen mnémonique pour évoquer ses souvenirs d’enfance, où sa mère déposait des verres d’eau comme offrande aux âmes qui habitaient chez elle. L’eau est une composante symbolique centrale des autels Día de Muertos car elle satisfait la soif d’âmes itinérantes. Ici, l’artiste présente l’eau comme une entité / un fluide doté de son propre esprit, proposé dans un sens métaphorique pour assouvir la soif de justice du pays.
Dans cette réinterprétation contemporaine de la tradition Dia de Muertos, l’autel est blanc. Cette inspiration provient des autels blancs traditionnels de la région de Huaquechula, Puebla. Cela contraste peut-être avec les autres autels de l’exposition où les couleurs prédominent, mais la tradition du Día de Muertos est vaste et s’exprime sous différentes formes dans chaque région du Mexique.
Les offrandes dans les foyers mexicains du Día de Muertos sont traditionnellement dédiées aux membres de la famille et aux proches décédés. Les images des personnes dont nous voulons nous souvenir se tiennent à côté de certains de leurs objets personnels et de ce qu’elles ont aimé dans la vie.
Cet autel honore la mémoire des membres de la famille, mais c’est aussi un moyen de partager leurs histoires avec les générations futures. La mise en place de l’autel nous permet de partager avec nos enfants ce qu’étaient nos parents et nos grands-parents. Vivant loin du Mexique, l’autel est devenu un moyen de communiquer avec nos traditions et de faire face à la nostalgie de notre culture.
Cet autel est également un produit de la rencontre des cultures péruvienne et mexicaine.
Cet autel honore la mémoire de : Victoria Borjón, Cosme García, Altagracia Plata, Gregorio Herrera, Camilo Hernández, Paz Díaz, Guadalupe Gedovius, Rodolfo Pérez de Tejada, Patricia Terán, Alfonso Torres
En l’honneur de Lesvy Berlín (1995-2017) et de toutes les femmes disparues au Mexique, cet autel met en évidence la violence sexiste systémique dans le pays. Lesvy a été assassinée en 2017 par son petit ami. Sa mort a déclenché une série de manifestations publiques au Mexique. À ce jour, le meurtrier de Lesvy a été reconnu coupable de féminicide, mais ce n’est pas la réalité dans la plupart des cas de violence sexiste.
Au cours du premier trimestre de l’année, au moins 1 119 féminicides ont été perpétrés et la majorité des familles réclament toujours justice. Le 16 août 2019, l’une des plus grandes manifestations féministes a eu lieu à Mexico. Des milliers de femmes ont envahi les rues de la capitale à la recherche de réponses des autorités. Cet autel soutient ces manifestations et commémore la vie de toutes les femmes qui n’ont plus voix au chapitre.
La fête de Dia de Muertos est une pratique collective d’une signification spirituelle et sociale très particulière. Les festivités commencent tôt, généralement en achetant des fleurs sur les marchés locaux et en nettoyant les tombes au cimetière. Les familles préparent des plats traditionnels à partager, comme des taupes et des tortillas. La photographe Linda Rutenberg nous offre une fenêtre sur ces moments familiaux. À travers son objectif, elle a rassemblé les lieux et les personnes qui participent à cette célébration dans la région d’Oaxaca, au Mexique.
La célébration Día de Muertos ne se limite pas à commémorer les membres de la famille, mais parfois des autels sont dédiés à des personnalités publiques. C’est une façon d’honorer leur héritage et de célébrer leur vie.
Cet autel est dédié avec amour à Alicia del Valle, la grand-mère d’Alejandra, qui est décédée pour continuer à partager son amour avec ses proches. L’autel commémore également le grand compositeur et bassiste du groupe Botellita de Jerez: Armando Vega, grand musicien, poète et scénariste mexicain. Dans le même esprit, cette offre rend hommage au grand chanteur et artiste mexicain: José José. En guise de reconnaissance, Alejandra et Marisa rendent hommage à ces personnalités publiques aux côtés d’autres membres de la famille.
Cette branche contient des rubans qui commémorent un être cher.
Bien que l’on puisse dire que la tradition du Día de Muertos est célébrée dans de nombreuses régions du Mexique, certaines familles l’adaptent et la transforment pour en faire la leur. C’est le cas de Maru. Après avoir élu domicile au Canada, elle a cherché un moyen d’inclure des non-Mexicains dans son autel à la maison. Elle a découvert que la relation avec la mort était une relation très personnelle et culturelle. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de créer une succursale où les invités pourraient attacher un ruban en l’honneur d’un proche disparu. Pour Maru, la célébration du Día de Muertos est axée sur le partage et l’inclusion.
Autel traditionnel de la région d’Oaxaca, Mexico.
Les marchés montréalais à l’automne se transforment en un festin visuel. Les agriculteurs rendent hommage à l’abondance des récoltes de la saison avec des «autels» composés de citrouilles et maïs sur des meules de foin. De la même manière que «Día de Muertos,» octobre à Québec est un mois de remerciement envers la nature et de démarrage d’un nouveau cycle.
Les traditions sont mieux comprises lors du partage. Chez PAAL, nous pensons que nous pouvons créer un espace d’empathie lorsque nous échangeons entre différentes cultures.
Nous vous invitons à participer à la tradition Dia de Muertos en apportant un objet ou une photo que vous aimeriez offrir pour commémorer et honorer la mémoire de quelqu’un.
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