« Partager le monde depuis Montréal »
« Partager le monde depuis Montréal : La médiation culturelle à partir d’une ville cosmopolite »
Yaen Tijerina
Artiste – Animatrice culturelle chez PAAL Partageons Le Monde
Penser à Montréal m’évoque le mot cosmopolite : du grec ancien κοσμοπολίτης , kosmopolitês, « citoyen du monde ». Montréal, pour moi, s’inspire de nombreuses cultures pour tisser son identité. Et en se promenant dans ses rues, on ne tarde pas à découvrir le monde dans les vitrines des différents commerces et restaurants venus d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Lorsque je suis arrivée à Montréal, c’est l’un des éléments qui m’a le plus impressionnée : d’avoir l’opportunité de connaître le monde à chaque coin de rue, et de pouvoir s’approcher directement de tant de cultures, tout en cohabitant dans une même ville.
C’est pourquoi je me suis senti des affinités avec la mission de l’organisme PAAL : partager les moyens de rapprocher les cultures par le biais d’activités artistiques, afin de mieux se connaître. Et cette mission ne permet pas seulement de rassembler les publics, mais aussi des étudiants et des professionnels qui s’intéressent à l’organisme et décident de collaborer avec lui. Ils trouvent ainsi souvent une opportunité pour comprendre comment créer des ponts et apprendre à connaître d’autres cultures.
Réinventer des moyens de rester connectés
Bien qu’après deux ans de pandémie, la mission de PAAL ait rencontré plusieurs obstacles, notamment en ce qui concerne la nature des échanges et l’adaptation aux restrictions sanitaires en vigueur, nous avons également été amenés à réinventer des moyens de rester connectés, à trouver des moyens de continuer à apprendre à nous connaître.
C’est ainsi que durant le cycle hiver-printemps 2022, nous avons réussi à partager dans certains CPE de Montréal le programme pARTagé, un projet de loisir culturel composé d’une série d’ateliers en arts visuels. Ces ateliers visaient à enseigner la culture des différents groupes ethniques qui cohabitent au Québec. Ce fut une expérience enrichissante, durant laquelle nous avons également bénéficié du soutien d’un volontaire venu de France pour compléter ses études en médiation culturelle ici à Montréal. Nous avons nous aussi appris à son contact et il a partagé avec nous son parcours.
Je suis reconnaissante de ces échanges d’apprentissage, et de pouvoir continuer à partager à travers l’art la mosaïque de diversité des cultures qui s’entremêlent dans cette ville et nous permet d’y vivre d’une façon unique.
Diego nous raconte ici ses impressions en tant qu’étudiant en médiation culturelle et bénévole chez PAAL :
Je m’appelle Diego, j’ai 22 ans et j’étudie la médiation culturelle à La Sorbonne Paris 3.
Je viens de terminer ma licence lors d’un échange au sein de l’Université de Montréal.
Lors de mes études j’ai compris que la médiation culturelle était un domaine extrêmement large, qui englobait autant l’art plastique que la littérature en passant par la musique et toutes les formes d’arts qui peuvent être partagées.
Créer des ponts
Un professeur passionné, Serge Saada, nous a introduit en profondeur à ce domaine. Il nous parlait d’un organisme français nommé Culture du Cœur. Cette organisation favorise l’accès de tous et toutes à l’art et à la culture de manière générale, elle était un exemple formidable de ce que la médiation culturelle pouvait être.
Culture du cœur décrit cette pratique de la manière suivante :
« La médiation culturelle, comme pratique sociale, contribue à créer des ponts entre l’art, la culture et les personnes qui en sont éloignées.
Pour les intervenantes et les intervenants sociaux, pratiquer la médiation culturelle :
C’est accompagner la personne usagère, afin qu’elle puisse vivre le mieux possible l’expérience de la sortie culturelle, et ce, en réduisant les obstacles qui mènent à sa réalisation. »
Ma licence m’a donc permis de saisir les enjeux auxquels ce champ d’action était confronté : des différentes politiques des pays, en passant par les aléas que le monde peut connaître, la culture se voit parfois en difficulté. Le Covid-19 et les différents régimes autoritaires qui peuvent exclure les pratiques artistiques nous le prouvent.
Cette licence m’a aussi apporté un bagage solide en culture générale : des cours d’histoire de l’art, aux cosmogonies… en passant par l’analyse de spectacles vivants. Tout ceci fut extrêmement intéressant et m’a permis d’affûter la compréhension que je pouvais avoir du monde qui m’entoure.
La transmission directe de savoirs.
Seulement je faisais face à un problème majeur : concrètement comment ça s’applique dans la vie de tous les jours la médiation culturelle ?
J’ai pu effectuer des études statistiques portants sur les pratiques artistiques amateurs en partenariat avec le CENTQUATRE, centre culturel majeur de la capitale française. Cependant, je n’ai pas opéré en tant que véritable médiateur culturel, en m’impliquant dans la transmission directe de savoirs.
Fort heureusement mon échange universitaire m’a permis de partir pour Montréal et de découvrir le volet pratique de ce domaine. En effet, je me suis engagé auprès de PAAL, organisme de médiation culturelle montréalais. Cette expérience, toujours en cours, m’apprend énormément sur ce monde. Ici je suis accompagné de Yaen Tijerina (animatrice chez PAAL) et tous les deux nous intervenons auprès de la petite enfance, au sein de différentes crèches, avec le projet pARTagé afin de sensibiliser les enfants aux récits des premières nations et autres cultures du monde. Une chose que j’ai remarquée, c’est que tout le monde s’est amusé : des enfants qui faisaient les activités aux éducateurs qui étaient également heureux d’apprendre de l’atelier.
Sensibiliser différents publics
La réalisation concrète de ces 3 années d’études sonne comme un grand soulagement, avec PAAL j’apprends et compose autant sur le vif qu’en amont et ai comme mission de captiver un jeune public. A travers la lecture de contes et le partage d’ateliers culturels, notre mission est celle d’éveiller de sensibiliser différents publics à des récits et des cultures que l’on invisibilise souvent.
Printemps – Été 2022